Du rève...

30 ans pour cette saga, voilà qui nous rajeunit pas. D'un autre côté, j'ai passé la moitié de cette période sans connaître la saga (dont quelques années où je n'étais même pas né). Le piège, je suis en effet tombé dedans un soir de Noël '92 où TF1 a osé passé A New Hope, et il s'est vite refermé sur moi. J'ai vaguement souvenir que dès la nuit suivante je révais que je sauvais des princesses tout en courant dans tous les sens dans une station spatiale labyrinthique.

Peu de temps après, je découvre Return of the Jedi, puis The Empire Strikes Back (encore une trilogie que j'aurais maté dans le désordre) et je suis définitivement accro. Je me fais offrir les VHS de la saga sorties en '95 (que je conserve désormais précieusement) et en '97 je suis sur le cul en redécouvrant la saga sur grand écran. J'attends donc avec impatience la sortie de l'épisode 1, et '99 semble bien loin. Parallèlement, je découvre par hasard les romans de Timothy Zhan. Je me mets à lire frénétiquement les romans de l'univers étendu, qui étaient encore bien peu nombreux à cette lontaine époque.

...au cauchemar

Hélas, c'est alors que commence lentement le déclin de la qualité. Ma première déception a sans doute été le design des vaisseaux spatiaux de l'épisode 1, et la vision du film ne m'a pas vraiment laissé de souvenir impérissable pour compenser. En même temps, je commençais à me lasser sérieusement des romans, qui devenaient franchement répétitifs avec Le Nouvel Ordre Jedi. J'ai alors placé beaucoup d'espoir dans les épisode 2 et 3, mais hélas, à part la présence de Christopher Lee, je cherche encore leurs atouts. J'ai même raté sans guère de regret la sortie ciné de l'épisode 3, la salle de cinéma étant une rareté sur l'Île de Beauté et la VO une inconnue totale. Séance de rattrapage sous forme de DVD donc, mais le choc fut rude quand je découvrit que Natalie Portman était devenue une cruche incapable de botter les fesses de son emo d'Anakin. OK, j'ai compris j'abandonne, je passe à autre chose.

Bon, et alors ?

Star Wars, on l'a donc compris, c'est le mélange d'un côté d'une saga géniale qui a démocratisé et bouleversé le genre space-opera qui a changé la vision de la société sur la SF toute entière, de personnages inoubliables, de concepts forts (la Force, les Jedis...), et de l'autre d'un marchandising ridicule, d'effets spéciaux ratés et discutables (à partir de '97) et d'un univers encore plus maltraité que celui de Star Trek (les outrages faits à la trilogie originale, la gestion incohérente de l'univers étendu...). Impossible de prendre l'un sans l'autre, même si j'en aurais diablement envie par moment...

Bien ou mal pour la SF ? Question impossible à répondre sauf à écrire une uchronie ou Lucas se serait reconverti dans l'élevage de lamas au milieu de années 70. Star Wars a pompé allégrement dans pas mal d'oeuvres précédentes (les Kurosawas, le Seigneur des Anneaux, Valerian), mais c'est tout ce qu'il y a de plus normal dans le monde de l'imaginaire : on construit avec ce qui existe avant. Et bien des oeuvres ont donc logiquement pompé sur Star Wars, dès la fin des années 70 et le début des années 80. Entre nanars et chef d'oeuvres, on a eu le choix, et on l'a toujours : faire des références implicites ou explicites à Star Wars est devenu un passage presque obligé dès que l'occasion s'en présente. Impossible d'imaginer la SF sans Star Wars. Bref, il y a eu un avant et un après Star Wars, un changement de paradigme impensable avant '77 mais inévitable dès que les Stardestroyers ont commencé à poursuivre les Tantive IV au-dessus de Tatooine.

Bref, la question que je me pose, c'est si on est encore dans le paradigme commencé en 77. Et si non, quel sera le déclencheur qui nous fera sauter vers le paradigme suivant, de préférence en nous décrochant la mâchoire tout en nous bottant le cul ?