Émission intéressante, qui offre un bon résumé de la situation actuelle et de l'opinion des différents acteurs.

J'ai l'impression en écoutant Denis Olivennes qu'il a du vraiment en baver pour sa mission. Il y a une sorte de lucidité résignée que je n'avais jamais encore entendue de la part d'un représentant de l'industrie du disque. Il a enfin compris qu'on ne peut pas empécher les gens de télécharger, que ce soit par des voies techniques ou juridiques.

Alors du coup, il parle de "rendre le téléchargement plus compliqué", ce qui est effectivement bien flou. À ce que je crois comprendre, il s'agit de rendre compliqué surtout le téléchargement impulsif. Ile ne veut pas cibler les acharnés du P2P qui trouveront toujours un moyen de télécharger, mais plutôt les téléchargeurs du dimanche, qui ont entendu passé une chanson à la radio, chez des amis, etc... Et c'est pas con. si le téléchargement légal devient très simple, et le téléchargement illégal plus complexe, il serait logique que les internautes les moins compétents techniquement se tourne vers les voies balisés.

Bref, ça doit être là qu'intervient le filtrage (du P2P, des sites de vidéos en flash...). Son but ne sera pas d'être vraiment efficace, mais à 60% efficace (chiffre à la louche). Et ça, effectivement, ça doit être faisable. Les geeks et autres internautes avertis contourneront ce filtrage en rigolant, le grand public baissera les bras et ira sur les sites légaux. Je suis assez dubitatif, mais pourquoi pas, c'est toujours mieux que la répression.

Un problème soulevé aussi par cette émission, c'est l'interprétation de DADVSI et de son application. Qui cible-t-on ? Les gros téléchargeurs ? Les vrais pirates qui vendent MP3 et DivX aux puces ou sur des sites payants ? Les internautes ordinaires qui utilisent la mule ? Denis Olivennes veut absoluement nous faire croire que seuls ceux qui piratent dans un but lucratif sont visés, ce qui est faux, mais montre bien que DADVSI est un monstre incontrolable, dont même l'industrie du disque regrette l'existence.

Je suis toujours également étonné de voir à quel point tout forme de mécénat est tabou pour les artistes. Visiblement, pour eux, le mécénat, ce sont des artistes qui crèvent de faim dans la rue comme il y a des siècles. C'est dommage, je rève tant d'une licence globale sous forme de mécénat de masse, modernisé pour le XXIeme siècle.

En tout cas, j'aime beaucoup les interventions de Bertrand Burgalat qui met plusieurs fois les pieds dans le plat : - Les disques n'ont jamais été une ressource première pour les artistes. - Les artistes gagnant leur vie par la vente de disques ont toujours été rares. - La sonnerie pour portable, c'est du niveau du pin's parlant (exccellent ça) - La crise du disque est du autant (sinon plus) à des erreurs stratégiques dans les années 90 (pu à la télé) qu'à l'arrivée du net.

Et enfin le "Y 'a pas de rapport" de Denis Olivennes est vraiment un bouquet final qui montre bien qu'il est devant un sac de noeud qu'il ne sait dénouer. Qu'il va probablement vraiemnt falloir se remettre en question, et probablement adopter des solutions qui lui font horreur, mais qu'on ne cesse de proposer sur le net, en particulier sur ratiatum.