Le DRM vise à contrôler/ralentir la diffusion de la culture

Le DRM constitue en effet un système, qui dans son principe même, restreint de façon majeure la diffusion de la culture, pour contrer les nouvelles facilités techniques de diffusion apparues ces dernières années. Un fichier avec DRM n'est utilisable que dans des conditions précises, par une personne précise, et dans un temps parfois limité. A l'opposé d'un livre, que n'importe qui peut lire n'importe où, n'importe quand et prêter, offrir ou donner à n'importe qui. C'est ce point précis qui à mon sens pose problème : celui qui a "acheté" un fichier DRMisé n'a pas une telle liberté. Au lieu d'utiliser les fantastiques opportunités de l'évolution technologique, ils essaient de les freiner, d'aller contre une évolution inéluctable. Un tel concept n'a pas d'avenir viable.

Le DRM fragilise la pérennité et l'interopérabilité des supports

Avec l'évolution permanente des standards, et la fragilité des supports, il est depuis toujours difficile de conserver sur le long terme de simples données dans un monde numérique [1]. Les DRM, en ajoutant délibérément une étape destinée à complexifier la consultation de données représentant une oeuvre, détruit tous les efforts de pérennisation de la culture. Dans 50 ans, si le DRM triomphe, nous aurons perdu quantité d'oeuvres. Aussi bien des des navets que des trésors familiaux ou des chefs d'oeuvres de l'humanité. De plus en plus de gens soulèvent ce problème :

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Le DRM restreint le cadre de consultation d'une oeuvre

A l'heure ou les modes de consultation d'une oeuvre (musique, vidéo, texte...) se multiplient, et se simplifient (Ordinateur, salon, voiture, rue...), il est inconcevable d'obliger les gens à les consulter selon des modalités restreintes à l'imagination et au bon vouloir des distributeurs. C'est pourtant ce que le DRM fait : on na' le droit qu'à un nombre limité de copie, un choix restreint de lecteur possible sur le PC, l'impossibilité de lire le fichier sur l'autoradio ou sous linux, etc... Le droit fondamental de jouir comme on le veut d'une oeuvre est présenté comme un crime.

Le DRM fragilise la sécurité d'un ordinateur

Et ce par nature, car il vise à restreindre le contrôle qu'a l'utilisateur de celui-ci, même s'il en est propriétaire et administrateur. C'est inévitable, et l'affaire du rootkit de Sony en a été la parfaite illustration.

Le DRM est inefficace par nature

C'est un comble mais c'est vrai : Du point de vue cryptographique, le concept de DRM consiste à donner un fichier de façon cryptée, mais avec la clé permettant de le décrypter. Disposant des données en versions cryptées et non cryptées, il est inévitable que la clé de cryptage (le mécanisme du DRM) puissent être analysé, et donc contourner. Tout ceci a déjà été expliqué en détail par des gens qui s'y connaissent mieux que moi, et expliquent mieux. En outre, des synthèses en français existent. Le concept de DRM est donc par nature non viable techniquement.

Que faire alors ?

Dans le monde numérique qui vient de naître, les données peuvent transiter sans contraintes et avec une vitesse impressionnante à une échelle mondiale. Il est vain de penser pouvoir stopper le P2P et les échanges de fichiers sans l'accord des ayant droits. Techniquement, il faudrait couper internet. Juridiquement, il faudrait mettre en place un état dictatorial totalitaire. Vouloir stopper les échanges P2P et imposer le DRM est donc un combat perdu d'avance, mais qui peut faire beaucoup de dégat entre temps.

Il faut repenser toute l'économie de la culture pour faire face à ce qu'on peut d'or et déjà. On ne peut vendre de la culture comme on vend des petits pois, contrairement à ce que veulent faire croire certains, comme Michel-Édouard Leclerc. Il faut faire payer aux gens ce qu'ils ne peuvent pas échanger sur le net : un bel objet, un moment unique (concert), que sais-je encore...

L'époque qui commence ne sera pas facile, mais ce n'est pas avec les solutions d'hier que l'on résoudra les problème de demain.

Notes

[1] Par exemple, la numérisation de documents à la BNF s'est fait tout au long des années sur de nombreux formats. Les plus anciens sont aujourd'hui totalement dépassés, illisibles et donc inutiles (Matériel ne marchant plus, spécification du format de données perdues, etc...).