Très vite, on a pu constater que certains députés, comme Fréderic Dutoit ou Christian Paul connaissaient bien leur sujet, et que les arguments développés sur le net seraient tous cités dans l'hémicycle. Mais là où la mobilisation a commencé a prendre une dimension nouvelle, c'est autour du streaming, suivi par des milliers d'internautes, et commenté en direct via des forums, des sites de news et des channels IRC. Ce phénomène, dont je parlais déjà mercredi, n'a pas surpris par son existence, mais bien par son ampleur (10589 commentaires sur PC-InPact à l'heure où je tape ces lignes) et ses conséquences directes sur le débat.

Ce fut donc trois jours de marathon politique citoyen avec une affluence record sur les sites de l'Assemblée Nationale, ainsi que sur les sites et serveurs en parlant. L'ampleur de ce phénomène et l'assiduité des internautes a permis aux députés d'en parler au cours mêmes de leurs temps de paroles, renforçant la force de leurs argumentations. Des sommets ont été atteints avec les prestations de députés comme Christine Boutin ou François Bayrou, que l'on n'aurait pas vu dans ce role, se sont lancés dans de brillantes défenses des demandes des internautes, avec notamment la Licence Globale pour la première et le Logiciel libre pour le second. L'interopérabilité et le dangereux quasi-monopole de Windows (avec ses bugs et ses virus) n'ont pas été oubliés non plus. La légitimité de l'existence des Majors a presque été remise en cause. Des problèmes soulevés en cours de débat par les internautes (le streaming de LCP disponible uniquement dans deux formats de flux propriétaires) ont même été notés par les députés et mentionnés dans leur argumentation.

En face, le Ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres et le rapporteur Christian Vanneste n'étaient pas particulièrement brillants, avec une rhétorique creuse et se raccrochant à des concepts dépassés et mourrants comme la chronologie des médias. Leurs témoignages de stars de la musique ne convainquent pas un esprit averti, quand ont sait que 13 500 artistes ne sont pas d'accord avec eux. Il faut dire que leurs objectifs (faire passer la loi discrètement à la veille des fêtes) est bel et bien un échec total, et que improviser à été leur seul choix possible.

Rien n'est encore gagné, et on peut sans trop s'avancer dire que la reprise des débats sera tout aussi mouvementée. Le ministère de la culture lui-même publie une dépêche clamant que les échanges via le P2P ne nuit pas aux ventes, donc aux revenus des artistes. Bel preuve de la pagaille qui règne et de la complexité de la question.